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REGISTRES DU BUREAU
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63.
Du MERCREDY QUATRIESME JOUR d'OcTOHRE l'an MIL CINQ CENT VINGT CINQ.
4 octobre i525. (Fol. 28 r°.)
En Assemblée faicte en la Grant Salle de l'Ostel de la Ville, ouquel estoient appellez gens de tous es­tatz, tant d'Eglise : reverend pere en Dieu monsr l'E­vesque de Paris, le recteur de l'Université et les de­putez des Facultez, les abbez de Saincte Geneviefve et de Sainct Magloire, les prieurs des Celestins et de SaintMartin des Champs dautres gens d'Eglise; messeigneurs de la Court de Parlement en tel nombre qu'il leur plairoit députer, mess" des Comptes, les generaux de la Justice des Aydes, et autres officiers du Roy et autres cours de jurisdictions de Paris; les Conseilllers et Quarteniers dela Ville, et bon et gros nombre de notables bourgeois et marchans d'icelle, jusques au nombre"de troys ou quatre cens per­sonnes : pour oppiner sur la responce à faire aux lettres de Madame la Régente par elle envoyées à la Ville, touchant le traictéde paix par ses embassadeurs fait et accordé avecques le roy d'Angleterre, et les obligations requises par sesd, lettres estre passées par lad. Ville tant en general que particulier, selon la forme par elle envoyée pour l'entretiennement d ud.traicté de paix, quy autrement demoureroit nul et sans effect f1' ;
Est venu en lad. assemblée monsr l'archevesque d'Aix'2), avant que l'on eust commancé à oppiner. Le­quel a dit que :
"Depuys huyt jours ença Madame la Régente, mere du Roy, luy avoit envoyé ung pacquet de lettres, dont les unes s'adressoient à la Ville qu'il avoit baillées aux Prevost des Marchans et Eschevins, et les autres s'adressoient à luy. Par lesquelles siennes lad. Dame lui escripvoit qu'il eust à presenter celles de la Ville, et remonstrer que pour amour, paix et repoz en France, elle a procuré et tant faite par ses ambas­sadeurs quelle avoit envoyez en Angleterre, qu'elle avoit eu paix avecques le roy d'Angleterre, et telle qu'elle l'esperoit de durer, et que par le moyen d'i­celle l'on trouveroit grant ayde à la liberté et deli­vrance du Roy. En faisant lequel traicté et accord de
paix estoit promis faire ratiffier les articles contenuz en icelle par les bonnes villes de ce Royaume; autre­ment l'accord [seroit] nul et sans effect.
"A icelle cause requeroit lad. Dame que ceste ville de Paris, qui est la principalle et premiere des au­tres et à laquelle chascun prandra exemple, passast lad. promesse et obligation selon la forme et teneur qu'elle leur avoit envoyée : qui sera cause d'ung gros bien, prouffit et utilité par tout le Royaume."
Et a sur ce led. monsr d'Aix montré les lettres que lad. Dame luy avoit envoyées, lesquelles ont esté leues en lad. Assemblée. Cela fait, a comancé de louer la paix, laquelle doibt estre désirée par ung chescun; et a bien grandement desduict le bien qui en vient et le dommaige qui en peult venir au* contraire en ayant guerre. Aussy a fort loué mad. Dame et les princes de France qui ont trouvé moyen d'entrer dans ceste paix, et que pour icelle avoir a convenu à mad. Dame et ses embassadeurs faire promesse de faire passer et promettre par ceste ville et plusieurs autres bonnes villes de ce Royaume, d'en­tretenir les articles contenuz en icelluy traicté de paix, lesquelz vraissemblablement ne peullent estre que bons selon le cas ; car l'embassadeur qui a con­duict la matiere est natif de ceste ville'3), et est à extimer qu'il en a fait du myeulx qu'il a peu ; et en accordant iceulx articles selon la mynutte que lad. Dame a envoyée, sera paix entiere entre le Royaume et celui d'Angleterre et moyen de l'avoir avecques d'autres.
A celle cause, icelluy monsr d'Aix, pour soy mettre en son debvoir, a prié et requiz, de par lad. Dame, les assistans de donner telle responce qu'elle ayt cause d'en estre contante pour le bien du Roy et de la chose publique du Royaulme.
Ce fait, s'est retiré hors lad. salle.
Après ce, monsr le Prevost des Marchans a fait lire lesd, lettres de Madame, dont cv dessus est faicte mention et lesquelles sont transcriptes cy dé-
ci Ces documents sont reproduits à l'art, ci-dessus n° 61.
C LVarchevesque d'Aix», voy. la note 1 de la page 284.
(3> Jean Brinon, conseiller du Roi, premier président au Parlement de Rouen. — Son fils unique, nommé aussi Jean, conseiller au Parlement de Paris, vise en cette qualité l'enregistrement des lettres obligatoires à la date du 27 février 1526 (voy. ci-dessous, page 3o8 injtne).